Sélectivité alimentaire de l'enfant et son lien avec les apports, l'état nutritionnel et la croissance
juil. 31,2020
Le terme de sélectivité alimentaire désigne un comportement complexe qui recouvre une combinaison de caractéristiques et d'attitudes, d'enfants dits « difficiles » à table. Lorsque les enfants débutent la diversification et se voient confrontés à un régime alimentaire de plus en plus varié, nombreux sont ceux à faire preuve de néophobie et de sélectivité alimentaire. La principale caractéristique de ces enfants dits « difficiles » est leur réticence à consommer certains aliments ou groupes d'aliments. Dans une revue de 2018, Samuel TM. et al regroupent des études réalisées dans le but d'évaluer les préférences alimentaires et/ou les apports en énergie, macronutriments et micronutriments de ces enfants « sélectifs » ou encore les paramètres anthropométriques, avec pour objectif de mieux comprendre les conséquences nutritionnelles et cliniques de la sélectivité alimentaire chez l'enfant.
Alors que les enfants sélectifs semblent consommer moins de légumes que les autres enfants, aucune différence notable n'a été observée en ce qui concerne les apports des autres groupes d'aliments ou les apports en énergie, macronutriments et fibres alimentaires. Par rapport aux recommandations, aussi bien les enfants sélectifs que non sélectifs étaient au-dessus en termes d'apport en protéines, quel que soit l'âge, et en dessous en termes d'apport lipidique sur les âges de 1 à 3 ans, mais pas chez les enfants plus âgés. L'apport en fibres alimentaires était en général insuffisant chez l'ensemble des enfants, qu'ils présentent ou non un comportement de sélectivité alimentaire. L'apport en légumes était lui aussi faible, mais plus particulièrement chez les enfants « difficiles ». Ces derniers présentaient en outre une consommation moindre de poissons et de céréales complètes par rapport aux enfants non sélectifs, dans les rares études ayant évalué ces critères ; des recherches plus approfondies à ce sujet sont toutefois nécessaires. Aucune différence notable n'a été observée entre les deux types d'enfant pour les autres aliments étudiés (fruits, viandes, céréales raffinées, produits laitiers, desserts, confiseries, biscuits et boissons sucrées).
Il est à noter que les enfants sélectifs présentaient des apports inférieurs en certains micronutriments, notamment en fer, zinc, ainsi que pour les vitamines A, B1, B2, B3, B6, C et E, bien que les apports réels étaient proches des valeurs recommandées, dans la majorité des études. Cependant, les apports en certains nutriments tels que le fer et le zinc étaient inférieurs aux recommandations dans les deux groupes, soulignant l'importance de prendre en charge ces carences à l'échelle de la population globale.
Aucune relation pertinente n'a été établie entre la sélectivité alimentaire de l'enfant et la croissance, bien que des différences importantes de poids/taille aient été davantage perceptibles entre les enfants « difficiles » et les autres, dans certaines études où un plus grand nombre de critères avaient été utilisés pour définir le caractère sélectif de l'enfant. Malgré l'absence de critères cliniques précisément définis et adoptés, de nombreuses études ont été publiées sur le sujet ces dernières années.
La revue de Samuel TM. et al inclut les études visant à déterminer si la sélectivité alimentaire, qui est souvent jugée par les parents sur la base de comportements alimentaires sélectifs et d'une réticence à consommer certains aliments, est en réalité associée de façon systématique à des différences mesurables d'apport alimentaire. Le champ de recherche pourrait être amélioré avec l'adoption d'une définition uniforme du concept de sélectivité alimentaire. Des études davantage longitudinales seraient également requises pour comprendre l'impact à long terme de la sélectivité alimentaire sur l'état nutritionnel et la croissance.
Samuel TM. et al, A Narrative Review of Childhood Picky Eating and Its Relationship to Food Intakes, Nutritional Status, and Growth, Nutrients. 2018 Dec 15;10(12):1992